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vendredi 20 janvier 2012

Quand un procureur humilie d'humbles et vrais citoyens, cède à la pression, incapable de dire le Droit, la Vraie Justice



« La vérité attend. Seul le mensonge est pressé ». Cette grande et profonde citation est d’un grand poète (mais magistrat de formation).  

Un jour de novembre, dans un cyber de l’UCAD, j’apprends que le nouveau procureur de la république de Tambacounda est Demba Traoré, promu procureur par la grâce du régime pds en place (promotion d’un proche du pouvoir ?). Comme d’habitude, les éloges pleuvent, et l’écrasante majorité d’entre ces personnes qui les distillent, suivent le mouvement, sans réellement avoir la preuve des éloges qu’ils profèrent ; certains le font par pure parenté ethnique, ce qui est effectivement dangereuse pour une république qui se veut être la Mère de tous les citoyens, quand d’autres le faisaient par simple  formalisme pour ne pas passer pour de méchants, des grincheux et intégristes du doute tous azimuts. Mais quand on a lu et digéré René Descartes, le doute est fondamental dans la construction de la raison de l’être. Mais le propre des masses de nos jours, c’est faire les girouettes qui vont dans le sens du vent en plein Foloboula, suivre là où le GPS de la foule mène, sauf qu’on sait que parfois on n’atterrit nulle part.

Comme d’habitude, devant tant de choses, il faut savoir raison gardée, avoir la mesure, attendre d’évaluer l’individu dans ses actes ; maintenant  en partant  de cette démarche, aujourd’hui, on est désormais en mesure de dire que ce nouveau procureur de Tamba, Demba Traoré (précédemment substitut par intérim du procureur de la République près le tribunal régional de Kaolack et qui est actuellement procureur de la République de Tambacounda par intérim), n’est rien d’autre que le produit et le fruit d’un régime à son crépuscule. Et il l’a illustré à travers le jugement inique, le jugement démentiel, le jugement qui dépasse tout entendement humain, dans la désormais célèbre affaire qui oppose les 8 notables de Diawara au maire insignifiant de de la ville du même nom, ce maire qui est l’anathème qui sclérose Diawara.

On se souvient de ce jour d’audience, un jour de novembre, où le maire de Diawara, Hamidou Diaye Koïta, confondu dans ses mensonges, devant toute sa honte bue, avoua son forfait et montra son incapacité à prouver le fondement de ses accusations et dénonciations qui se sont avérées fausses,  calomnieuses et infondées. Il a reconnu la constance des faits qui lui sont reprochés, ce jour-là, même le Ciel qu’il appelait au secours dans des psalmodies inaudibles, n’était pas au rendez-vous. Le faux témoin (Killé Sakho, notre freluquet national) qu’il présenta au tribunal (un tribunal censé être celui du peuple, des citoyens dignes de ce pays) fut débarqué immédiatement de la salle d’audience, parce qu’il n’était témoin de rien du tout.

Comme relatée précédemment dans ces pages, l’affaire était logiquement pliée, les juges (dont faisait  partie Demba Traoré dans la salle d’audience) avaient clairement fait comprendre au maire qu’entre lui et la raison, il y avait tout un univers. Et comme le bon sens est la chose la mieux partagée au monde, tout le monde, y compris le maire de Diawara (malgré lui, car parfois le réalisme s’impose à soi comme une évidence qu’on ne peut récuser) était convaincu que les carottes étaient cuites d’avance. Mais hélas ! c’était compter sans le pouvoir de la corruption, le pouvoir de la pression politique, ce mal qui vous avilit un homme, ce mal telle une tumeur qui prospère et ronge la moralité jusque dans ses entrailles : la corruption fait des ravages. 

En effet, quelques jours, quelques semaines après le procès, c’était le branle-bas de combat. L’appareil judiciaire de Tambacounda était pris d’assaut, les entrevues, etc., pour prononcer une relaxe (au mieux) et au pire des cas, mais vraiment au grand pire, une condamnation de pure forme sans payement d’indemnité ni emprisonnement ferme, pour au moins sauver la face pour le maire. Cela va de la pression politique à la pure et simple corruption. L’arsenal  pour retourner la  situation, pour influencer le jugement était au complet et  à son paroxysme. Entre la pression politique à la corruption, laquelle d'entre elles a remporté la palme de la honte, de l'infamie ? Quel que soit le paramètre qui l’a emportée, le résultat escompté est au rendez-vous : sans dignité, sans scrupule, les juges ont relaxé le maire, sans aucune motivation de leur décision ; comme si le mensonge, la honte, pouvait être justifiée. L’étonnement, le dégoût,  étaient entiers, même les personnes peu sensibles à cette affaire eurent un dégoût absolu, elles furent interloquées et déçues par ce début du magistère  de Demba Traoré, celui-là même qu’on nous présentait comme le cheval blanc qui va garantir la dignité  et le respect des droits les plus élémentaires des personnes dans le département de Bakel, mais en réalité, les espoirs sont devenus des chimères ;  et le juge Mamadou Diallo (paix à son âme) n’est qu’une goutte dans les eaux boueuses et fétides des mares du Gadiaga après une journée de pêche. Il était peu futé, et donc plus facile de le repérer.

Comment avec des faits constants, avec un prévenu qui reconnaît avoir manqué de jugeote et d’intelligence pour avoir humilié, calomnié et insulté de paisibles citoyens qui ont l’âge de son père, en s'appuyant sur des personnes corrompues dépositaires d'autorité et qui ont abusé de leurs pouvoirs, peut-on prononcer une relaxe ? Comment après tout ceci, en tant que magistrat, le matin avant d’enfiler sa toge de Mère Justice, peut-on se regarder dans  le miroir, sans avoir un peu honte ? Juste un peu !

Le soninké, quand il n’a pas été moralement transformé et mentalement avili, garde encore, malgré le brassage ethnique, cette fierté et cette dignité qui restent ses armes absolues, qui restent à l’être quand il n’a plus rien, et ceci, malgré sa pauvreté. Mais un soninké qui n’a pas su faire face et qui n’a pas su résister à ces transformations, perd cette valeur essentielle qui est le dénominateur commun de cette communauté, que l’on soit riche ou pauvre, casté ou noble, et cela peu importe la naissance.

Mais ce qu’ils oublient ou feignent d’oublier, ces serviteurs d’un pouvoir déphasé par rapport aux aspirations du Peuple et à la solde des siens, c’est que s’il le faut, ce procès ira jusqu’à la Cour de Cassation,
et même à la Cour Suprême de la République, ça prendra le temps qu'il faut, mais la vérité sera dite, tôt  ou tard.

Ainsi, il y aura appel, dans un premier temps auprès de la Cour d’Appel de Kaolack. Espérons que le grand et illustre Magistrat, Abdoulaye BA (qui est actuellement l’un des Magistrats les plus indépendants du pays, d’où son éviction de la juridiction de Louga, en tant 
président du Tribunal régional) saura convaincre ses collègues de Kaolack pour qu’ils rendent la justice en toute âme et conscience, en refusant de répondre aux pressions et à la corruption, choses qui ne manqueront pas de se manifester, comme ce fut le cas à Tambacounda. Pour ceux qui l’ignorent, Abdoulaye BA est l’ex-président de l’Union des Magistrat du Sénégal (UMS) ; jadis, il tint tête au régime PDS, en réclamant haut et fort son indépendance et son refus de l’immixtion du pouvoir dans les affaires de la Justice (ses relations avec la présidence de la république du Sénégal et le ministère de la justice étaient plus que tendues), et pour le punir, l’actuel régime l’a mis au placard, il n’est plus procureur, mais simple conseiller à la juridiction de Kaolack. Comme quoi, sous ce régime, quand on a une dignité et quand on respecte la dignité du Peuple et quand on honore sa profession et quand on est digne d’y appartenir, on est puni. Mais vaut mieux cette situation que de vendre son âme aux diables, au Diable et c’est cette dignité que Abdoulaye BA  préfère, il ne voulait pas son déshonneur, il a refusé de mettre sa dignité aux enchères.  Sa réputation est intacte et son nom synonyme de justice, d’équité et de transparence, pour avoir refusé de céder aux pressions et à la corruption qui ne manquaient pourtant pas.

Mais il faut que toutes ces personnes qui tournent le dos au Peuple sachent qu’ aucun régime n’est éternel (Kaddhafi, Ben-Ali et Moubarak furent de grands tyrans qui ont érigé l’injustice et l’arbitraire au-dessus de toute moral, ils en sont les parfaits exemples) ;  tous ceux qui oublient aujourd’hui cette réalité, c'est-à-dire la temporalité des choses, du pouvoir, le payeront cher, très cher un jour ; surtout qu’ actuellement, ce jour n’est pas très loin : le Peuple du Sénégal est en passe de prendre sa revanche sur ce pouvoir qui a érigé la médiocrité et la décadence en valeurs absolues, ensuite ce sera le tour des laquais de la République, ces indignes, ces sans honneurs, ceux qui servent à mal le Peuple, qui se servent au lieu de le servir, qui rendent service à la puissance fantoche d’un régime moribond et condamné. Ils ont intérêt à se réconcilier avec le Peuple, car la colère de ce dernier est cinglant quand il se réveille et décide de prendre son destin en main. 

La bataille n’est qu’à son début, le maire de Diawara n’a  encore  rien vu : Dieu, Il n’a jamais joué au dé !



Lecture de la part de l'ambassade de France (ces juges ont besoin d'une bonne formation sur le respect des droits et de la dignité des personnes) : http://www.ambafrance-sn.org/IMG/pdf/Communique_de_presse_-_Inauguration_Maison_de_justice_de_Tambacounda_19_janvier_2012.pdf



Une autre ère commence dans soninkara (chez les soninkés) : celui de la défense de leurs droits et de l'exigence de  respect.  Désormais, la peur doit changer de camp et elle va changer de camp. Les dés sont jetés et Dieu ne joue pas aux dés.